Pluie et rencontre

[hj: je m'incruste, c'est pas grave ?]

Les nuages noirs avançaient vite, et la créature qui les coursait semblait peiner pour les suivre. L'être ressemblait fortement à un petit garçon. Qui aurait mal grandi et pas mangé depuis un moment. De plus, sa peau trop pâle reflétait le fait qu'une maladie inconnue détruisait le petit corps de l'intérieur. Mais, le plus surprenant chez ce gamin, c'était qu'il avait beau courir, il ne semblait pas si fatigué ! Oh, bien sûr, sa respiration s'était accelérée et ses joues s'étaient colorées de rouges. Mais il ne haletait pas, malgré la longue distance qu'il avait parcouru en courant. Il freina brusquement. Il y avait une odeur particulière, qui donnait envie au loup de surgir et de bondir partout. Un parfum sucré. D'enfant, sans doute, conclut le petit garçon en demandant au loup de cesser de sautiller joyeusement dans sa tête. La louveteau n'était pas d'humeur agressive. Il aimait bien la pluie, d'un côté, car c'était amusant de sauter à quattre papattes dans les flaques. Mais d'un autre côté, elle était aussi meurtrière et pouvait s'avérer dangereuse. Fenrir avait entièrement reprit son souffle lorsqu'il s'avança à pas de...loup -_-' vers les grosses pierres qui formaient un cercle. N'étant jamais venu par ici, il ne savait pas ce que cela pouvait représenter. Tea, le petit génie, aurait sûrement été capable de le lui expliquer. Un pincement au coeur le ramena sur terre et il continua son chemin vers les pierres. Fenrir n'était certainement pas le plus intelligent des garçons. Son côté malin ne lui servait qu'à élaborer des pièges ou de sfarces pour les villageois. Et il avait tendance à être assez impulsif. Comme prévu, sa discrétion lui permit d'approcher sans se faire remarquer. Le parfum sucré se faisait plus proche, et il finit par apercevoir une fillette, collée contre une pierre. La peite tenait un animal serré contre elle. Fenrir, surpris de n'avoir pas senti l'odeur de cette bestiole, mit un certain temps à découvrir qu'il s'agissait en vérité d'une petite peluche blanche comme neige. Ou comme la chevelure étincelante de la petite. Le louveteau avait envie de jouer avec elle alors que l'esprit méfiant de Fenrir lui ordonnait de rester sur ses gardes. Il finit néanmoins par rentrer dans le cercle, et la fillette se rendit compte de sa présence. Elle ne semblait pas décidée à se retourner alors le garçonnet s'avança et lui fit face. Elle semblait malheureuse, presque fachée. Il tenta un sourire qui se voulait rassurant mais qui ressemblait en réalité à une esquisse de sourire assez méfiant et timide.

-Bonjour. J'espère ne pas vous avoir surprise.

Malgré le jeune âge de la fillette, il la vouvoyait. Ce n'était pas vraiment par politesse, non. C'est juste qu'il ne savait faire que ça. Il n'avait jamais tutoyé que ses petites soeurs et considérait le monde entier comme un "vous". La voix du garçon était calme et amicale. Il ne voulait pas lui faire peur, ni sembler agressif. On ne sait jamais quelle créature pouvait se cacher derrière les plus innocents yeux du monde ! Et Fenrir est très bien placé pour le savoir !

Louve sourit. Un étrange jeune garçon venait. Elle se leva, tenant toujours Ael, son lapin blanc, dans ses bras, et le regarda. Il avait les cheveux blonds comme les blés sous le Soleil. Deux grands yeux d'azur illuminaient son visage triste. Il n'avait pas l'air de Troïl, elle ne l'avait jamais vu. Il se déplaçait souplement, il semblait... animal. Quel étrange garçon. Il devait avoir faim. Il avait un étrange sourire, si méfiant ! Il n'était pas comme Poivre, si direct, il n'avait pas ce franc-parlé dont elle avait l'habitude. Il avait l'air plus vieux qu'elle, mais surement pas de beaucoup, songea-t-elle.

-Bonjour. J'espère ne pas vous avoir surprise.

Il la vouvoyait ? Etonnant. Quelle idiotie. Les enfants n'ont pas à se vouvoyer entre eux. Surtout les orphelins. Ils avaient tous les mêmes origines, maintenant, sans leurs parents. Et ils pleuraient tous la même chose... A quelques pas de lui, sous la pluie battante, la petite fille aux cheveux blancs prit la parole, d'une voix rapide mais calme.

" Pourquoi tu parles comme ça ? Comme un grand ? Tu ne devrais pas, ça ne te vas pas. Je suis Louve, je viens de Troïl et de la Lande ! Et toi ? T'es qui ? Enfin, peu importe. Si tu viens à Troïl, on pourra manger si tu veux ! "

La gamine lui tendit la main, en signe d'amitié, lui proposant par un geste de le conduire et de l'aider. Elle avait oublié son chagrin et son naturel généreux et rieur reprenait le dessus.

Fenrir observait toujours la fillette, ignorant l'examen rapide qu'elle faisait de lui. En réalité, elle n'était pas beaucoupl plus petite que lui, mais il se savait plus âgé. De peu, songea-t-il néanmoins, sans que son visage ne laisse passer la moindre émotion. Le louveteau sautillait joyeusement dans son esprit, ravi d'avoir trouvé une copine, alors que Fenrir restait impassible et pourtant sur ses gardes. Le garçon sentait que la fillette était maligne, et elle semblait déjà avoir compris qu'il n'était pas d'ici. Par conséquent, elle devait se douter qu'il était orphelin. Il se demanda si elle aussi l'était, sans doute, car une mère ne laisserait pas une enfant si jeune flâner loin de la maison. Fenrir releva les yeux vers le ciel à présent entièrement gris et d'où provenaient les nombreuses gouttelettes. Il écouta la voix calme de la fillette, prenant attention à suivre le cours de sa phrase rapide. Il était surpris par un tel flot de paroles, lui qui était à peine capable d'enchaîner deux phrases sans se poser des questions et se demander si sa première phrase était valide ! Il eut un sourire amusé, qui s'intensifia en entendant le prénom de la fillette. Bon. Maintenant il fallait réussir à répondre à chaque phrase. Courage !

-J'ai toujours parlé ainsi, aussi loin que je m'en souvienne. Même si j'avoue que même à moi, cette façon de parler sonne faux et anormal à mes oreilles.

Il hocha la tête d'un air désolé et reprit la parole :

-Enchanté de faire vot...ta connaissance. Je m'appelle Fenrir.

Il ne pouvait pas donner son origine, puisque lui-même l'ignorait. Son visage froid fut finalement éclairé par un sourire plus joyeux. Cette fillette était perspicace ! Ou alors il devait baver en réclamant à manger sans s'en rendre compte...Bref.

-Je serais ravi de te suivre et de partager un repas !

Il hésita une seconde avant de suivre la fillette, sans savoir s'il devait serrer la main. Il n'était pas habitué à ce qu'on lui tende la main ! En tout cas, elle avait l'air gentille et la méfiance du garçon s'estompait à vue d'oeil

Louve lui sourit, un peu moqueuse :

" Cette façon de parler "sonne faux et anormal à tes oreilles", mais tu l'utilise rien qu'en disant ça ! On dirais un grand dans le corps d'un enfant, si l'on écoute ta façon de parler ! "

Elle rit joyeusement, et poursuivit sur sa lancée.

" C'est joli Fenrir, comme nom, ça fait penser à un fennec croisé avec un sourire ! D'ailleurs, un fennec sa t'irais bien, c'est un joyeux cannidé beige, tout mignon ! "

Elle lui attrapa la main et le tira vers Troïl avec un sourire espiègle.

" Dis-moi, tu vas être trempé, si tu reste sous la pluie ! Le boucher il est gentil, ils nous donnera un repas chaud et un lit, si tu veux ! Moi, je veux pas car si je lui dit oui une fois, il va se considérer responsable et voudra s'occuper de moi ! Je tiens trop à ma liberté ! "

Elle s'arrêta et le regarda dans les yeux, soudain sérieuse.

" Dis, tu crois aux korrigans ? "

Elle lui sourit soudain et secoua la tête, faisant valser ses boucles trempées, démentant de l'air grave de ses propos.

hj : je ne sais pas quoi dire^^